Isaya
Faëlle || Ancienne Marchombre || Envoleuse Date d'inscription : 20/01/2009 1030 Age : 90 ans (18 en âge "humain")
| Sujet: On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Dim 7 Oct 2012 - 23:56 | |
| Nous y voilà. Le face à face tant redouté.
Je m'appelle Isaya, je suis faëlle, j'ai failli être marchombre, j'ai fini par tomber amoureuse. Je suis une Envoleuse, et ça suppose que je participe à quelque chose de plus grand que moi. Le Chaos n'est pas l'ennemi de l'Harmonie, le Chaos se veut au-delà de l'Harmonie. Servir le Chaos c'est s'y soumettre, voilà ce que j'ai appris. Maintenant, reprenons depuis le début : je suis faëlle. Une faëlle ne se soumet pas car elle ne reconnaît pas d'autorité supérieure à son propre jugement. Le seul pouvoir que j'ai jamais reconnu à quelqu'un, c'est à Kira, parce qu'elle était Marchombre et parce que je souhaitais le devenir. Maintenant, je dénie à quiconque le droit de me donner des ordres, que ce soit l'Empereur ou le Chaos.
J'ai quitté Heyrode il y a plusieurs jours, voire plusieurs mois, pour une durée tout aussi indéterminée. Il devait régler une affaire importante, j'avais des parents à aller voir, et nous étions censés nous retrouver dans une des désormais nombreuses forteresses qu'occupent les Mercenaires du Chaos. Entre temps, j'ai retrouvé mes parents et la donne a changé. Après avoir longuement discuté avec eux et avoir frôlé l'affrontement armé, nous n'avons plus eu rien à nous dire et je suis partie. J'ai marché un moment dans la forêt, mais je n'ai pas pu éviter d'affronter un autre ennemi : le feu. Je suis assise, face à mon feu, et pour la première fois depuis bien longtemps, je me sens seule. Or la solitude n'est pas un ennemi que l'on terrasse à coup de sabre, et le mien git impuissant à mes côtés. Depuis une heure, je me bats à coups de souvenirs.
Les gens ont la fâcheuse tendance à croire que quand on a tout acquis, on est heureux. C'est faux. Dans ma vie j'ai trouvé trois fois ma voie. La première consistait à vivre. La deuxième possédait une majuscule, la Voie des Marchombres. La troisième est encore floue, mais me paraît paradoxalement évidente : la liberté se trouve quand on a tout perdu ; or que me restait-il après avoir perdu mes parents, mon maître, les repères que celle-ci avait construit pour moi et l'estime de beaucoup de mes amis ? Il me restait ma liberté. Heyrode m'a offert un moyen de laisser celle-ci s'exprimer, en me permettant de me battre pour une cause. On pourrait donc croire que j'ai gagné tout ce que la vie avait à m'offrir, et c'est certainement le cas, mais je ne me sens pas heureuse. Ici, au cœur de la forêt où j'ai grandit, j'ai plutôt l'impression de n'avoir fait que tâtonner dans la vie, au lieu d'explorer toutes les possibilités qu'elle offre. J'ai gagné mon indépendance en perdant mes parents, j'ai acquis une forme physique et mentale exceptionnelle en renonçant à une part de ma liberté, j'ai retrouvé celle-ci en perdant mes amis. Bilan pessimiste, mais en ce moment il me paraît surtout réaliste.
Il reste ce feu qui brûle, encore. Devant moi et en moi.
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